Il y a un an, j'écrivais de Bucarest...

Je m'arrache mes cheveux bouclés (et raccourcis depuis quelques temps) sur un article de presse à joindre à mon dossier d'inscription de l'année prochaine. Pour ma 3e année préparant aux concours de journalisme.

Le thème : vie universitaire : interview, portrait...


Ca n'a pas tout de suite stimulé mes neurones hein... Pourquoi tomber toujours dans ce genre de sujet? A croire qu'ils attendent quelques articles pour les brosser dans le sens du poil ou quelques pamphlets réactionnaires?

Moi, je mobilise mes acquis.
Ce sera un portrait croisé d'un étudiant français parti à Bucarest et d'un roumain étudiant en France.

Alors voila une ébauche de l'article. Il y aura surement des changements d'ici lundi (date à laquelle je l'envoie).
Puis, pour l'instant, ni titre, ni accroche.

Je suis totalement frustrée, le nombre de signes étant réduit, je n'ai pu dire que la moitié des choses. j'ai l'impression de n'avoir fait qu'effleurer les choses...

Je prends toute remarque (constructive).


C’est très curieux la Roumanie. Ce n’est pas très loin, à peine à deux heures d’avion de Paris mais c’est pourtant bien méconnu. Peut-être qu’il faudrait en abattre quelques clichés. De ces clichés qui ont la vie dure. Qui s’accrochent aux mentalités.
Le plus drôle est que la Roumanie entretient depuis longtemps une tradition francophone et francophile. A l’entre deux-guerres, on trouvait un nombre considérable d’étudiants roumains dans les facultés françaises. Disparus pendant la période communiste, leur nombre s’accroit de nouveau depuis la chute de Ceauşescu en 1989.
Il suffit de rencontrer Vlad, roumain de 24 ans, arrivé en France pour ses études il y a maintenant 4 ans, « en pensant que ce serait surement plus facile ici que dans le Bucarest post- Ceauşescu ».
Mais désormais le chemin se fait aussi dans l’autre sens : de plus en plus de français partent étudier en Roumanie. Et le programme Erasmus a bien entendu facilité les choses. Ainsi, Arnaud, étudiant en Sciences-Politiques à Bordeaux a décidé l’année dernière de terminer sa licence à l’Université de « Bucuresti ».
Deux parcours qui se croisent pour finalement un même choix : trouver un complément ailleurs et découvrir un autre côté des choses.
Un a choisi la forme institutionnelle grâce à Erasmus tandis que l’autre a préféré un parcours un peu plus chaotique.

Vlad ne pensait tout d’abord pas venir en France. Certes, la langue française faisait partie de son éducation depuis ses 3 ans mais il la considéré comme tradition inutile. Finalement un enchainement de rencontres et le voila en contrat de Volontariat International en Lorraine. Après un bref retour à Bucarest, il décide de repartir pour faire ses études d’Art du Spectacle à Metz. « Je m’attendais à toutes autres choses ! J’avais de beaux rêves ! Les premiers temps ont vraiment été très durs, personne ne pouvait m’héberger. Et puis je pensais que c’était possible de tout financer tout seul, avec un peu d’aide de mes parents. » Après les appartements, c’est donc les boites d’intérimaires qu’il visite, avec aussi peu de succès.
Arnaud, lui, désirait partir à l’étranger dès sa première année d’études. « Quand on me demandait pourquoi la Roumanie, je répondais pourquoi pas ?
Disons que je ne voulais pas aller dans un pays trop proche de la France. J’avais là l’occasion de partir dans un pays où je n'aurais pas été en d’autres circonstances. » Après quelques mois de cours de roumain sur place et un quotidien en cité universitaire « véritable ghetto à étudiants francophones », les cours commencent en anglais et en français et Arnaud s’installe lui aussi en colocation.

Une vision totalement différente de l’Université
Vlad confie avoir été tout d’abord totalement décontenancé par les gens qu’il a rencontré dans le milieu universitaire. « Je savais ce que je faisais là. J’avais fait des efforts pour arriver ici. Pris des cours de français par exemple. » Mais les gens semblaient désintéressés et peu motivés. Ne savant pas trop ce qu’ils font là et ce qu’ils feront après. Les images de ces grandes discussions passionnées qui s’étaient formées dans sa tête disparaissent bien vite. « J’ai été réellement déçu. C’est totalement différent en Roumanie et je pensais naïvement retrouver la même chose en France. Ici les facs sont libéralisées, c’est vraiment bien, je ne dis pas le contraire, mais le niveau est du coup plus moyen.» En effet, le système universitaire français accepte toute personne ayant obtenu son baccalauréat, les facultés roumaines, elles, sont sur concours, remplaçant ainsi les écoles nationales. Les étudiants se destinent longtemps à l’avance à leurs études universitaires. Ils choisissent un domaine et s’y tiennent, accumulant alors très tôt les cours particuliers et les préparations aux concours. « Les étudiants sont donc beaucoup plus investis dans ce qu’il font et se perdent moins. »

« J’ai trouvé bien plus »
Les jours, et les nuits aussi, se sont écoulées à Bucarest pour Arnaud et il ne s’en est pas lassé, grisé de tant de découvertes, de rencontres en tout genre. « J’ai fréquenté des roumains, des moldaves, des espagnols, des italiens, des autrichiens, des allemands, des albanais, des nigérians… J’ai pu m'exprimer dans une langue que je ne connaissais absolument pas avant d'arriver. Je me suis senti chez moi dans une ville dont je ne savais rien. » Bien sur, tout n’a pas été toujours évident. La paperasse se transformant en véritable parcours du combattant, les quelques difficultés pour se mettre à travailler ou encore l’élection présidentielle vécue de l’extérieure, « pour un étudiant en sciences politiques, c’est assez frustrant ! »
L’étudiant français s’est aussi frotté aux clichés du pays. La pauvreté, les enfants des rues. « Les roumains que j'ai rencontré sont souvent très pessimistes en ce qui concerne leur pays, c'est assez déroutant. Personne ne comprenait pourquoi on était venus étudier ici. Ils nous disaient tous qu'on avait beaucoup de chance d'être français. »
Une sorte de déclic peut-être pour Arnaud. « Je suis parti dans une optique Erasmus et j'ai trouvé bien plus »
Arnaud est donc rentré en France cette année pour un Master en Relations Internationale. Cet été, il sera à Belgrade puis au Kosovo. Vlad, lui, ne regrette pas d’être venu en France « J’ai trouvé l’expérience que je recherchais, même si j’en ai trouvé beaucoup de mauvaises ! » Il y termine donc sa licence mais pense s’orienter par la suite vers de écoles belges ou luxembourgeoises.
Les deux jeunes hommes n’en ont donc pas fini avec les voyages. Que ce soit pour leurs études ou pour leur soif personnelle.

"Summer Cannibals"


J'ai été totalement transportée par l'exposition 'Land 250' de Patti Smith à la Fondation Cartier.
Une sorte de révélation. J'aime bien ce mot, ça fait un peu mystique et il y a peu de ça au fond.
Autant pour l'artiste et son univers que pour les œuvres exposées mélange de dessins, photos, vidéos, installations et objets.

Bien sur, je connaissais Patti Smith avant.
Pour moi, c'était LA rockeuse par excellence. Une femme androgyne qui a prouvé que le rock n'est pas qu'une histoire d'homme. Une voix rauque, posée sur des poèmes en chansons. Une proximité avec Bob Dylan qui n'était pas pour me déplaire.
Et un look qui allait avec. La pochette de CD de 'Horses' a une bonne place dans mon esthétique personnelle tellement je trouve que tout y est.


Mais je connaissais moins la Patti Smith photographe ou peintre.
L'exposition semble peuplée de souvenirs.
Des assemblages de polaroïds provenant de l'appareil qui ne la quitte jamais, un Land 250. Des sujets photographiés qui semblent anodins et pourtant... Le miroir de son mari disparu, les rues de Paris, des fleurs sur une tombe, une fascination pour les statues. On y retrouve ses proches.
Patti Smith photographie des ambiances. Un goût de nostalgie.



Et puis une source d'inspiration donnée par Rimbaud.
Un petit croquis du musée Rimbaud à Charleville exposé.
"Ce croquis porte en lui tout la révérence rebelle de ma jeunesse. Même fâchée avec le monde entier, j'étais assez sentimentale pour être émue aux larmes à la vue de la valise et de l'écharpe de Rimbaud. Si ce petit dessin pouvait trouver un modeste endroit, un petit abri dans le musée où il a pris forme, aucun autre honneur ne pourrait m'emplir de plus d'humilité et de joie" extrait de "Charleville" de Patti Smith

Aux dessins et polaroïds sont mêlé des objets ou souvenirs. Un tee-shirt, une couverture, des manuscrits originaux et une pierre provenant de la rivière qui a vu mourir Virginia Woolf.
Et puis un appareil photo.

Un univers intimiste, lyrique, poétique ou spirituel, c'est à vous de voir.
On a l'impression de hanter les lieux.
En tout cas, une sorte d'apaisement. Une bulle se fait. Et un peu de mélancolie vous suit à la sortie.
Et en fond, la voix de Patti Smith. Comme des vers psalmodiés.
Une artiste totale qu'on appelle ça.


Et une vidéo comme réel coup de cœur. Je n'ai pas encore réellement trouvé pourquoi. Mais faut-il vraiment chercher? Je suis restée plantée devant longtemps. J'avais beau m'en éloigner, j'y revenais toujours.

Il s'agit d'une collaboration entre Patti Smith et le réalisateur Robert Franck sur "Summer Cannibals"



Une fois encore, tout y est.

"Remember, remember, this is now and now and now..." *

Ça y est je suis rentrée. Le contenu des mes bagages vient juste d'être éparpillé un peu partout.
Beaucoup de choses à dire. Pas le courage maintenant. Et par la suite je ne sais pas si j'en dirai le quart. On verra.

J'aime les retours.
Pas le fait de partir. Pas celui de quitter l'endroit où on s'est plu pendant une durée.
Mais la déconnexion. Retrouver sa ville en étant encore complètement ailleurs. Ce décalage là. Et pas besoin d'être partie extrêmement loin.
Quand vous débarquez avec tous vos sacs, souvent bien fatigué, et que vous contemplez votre ville pendant quelques instants avec un regard extérieur.
Etre encore entre les deux. Pas totalement rentré dans votre tête.

Généralement pour moi ça se traduit par une coiffure encore plus échevelée que d'habitude, des fringues qui ne correspondent pas du tout au climat et/ou qui ne vont pas du tout ensemble (oui je sais, le chapeau en velours brun avec la tunique rayée, c'est pas transcendant, mais je ne pouvais pas le mettre dans la valise), une étrange démarche sous le poids des valises qui se renversent à chaque trottoir et les yeux mi-clôt du syndrome "les transports-ça-m'endort"

Mais mon regard reste détaché. Peu m'importe pendant ces moments ce que les gens autour peuvent penser de mon look "à la masse". Je ne suis pas encore "totalement déjà là".

Malheureusement, il faut revenir.
Retrouver sa ville mais pour mieux la quitter à nouveau.

Et ça risque d'arriver encore dans les 3 mois à venir (pour mon plus grand bonheur)
Des déconnexions nommées Istanbul, Bodrum, Montreal.


(*"... Live it, feel it cling to it"
Sylvia PLATH, 'Unabridged Journal')